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Une touche hyperbolique et réductrice de la réalité marocaine

مجرد أغنية

2009-04-04 23:03:50

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Une touche hyperbolique et réductrice de la réalité marocaine
Tarfaya (Bab Lebhar), de Daoud Ouled Sayed

0. En guise de présentation :
Tarfaya (Bab Lebhar) est un long métrage réalisé par Daoud Ouled Sayed.
Largument du film se résume ainsi : "Miriam, une jeune fille de vingt huit ans, arrive dans un petit village du sud. Nayant dans sa poche quune adresse et un numéro, elle va rester dans ce village dans lattente du jour où elle va tenter de traverser…".
Nonobstant le jeu époustouflant des trois grands comédiens à savoir Mohamed Bastaoui, Mohamed Khouyi et Mohamed Majd, il nest pas hasardeux davancer que les autres composantes du film sont loin dêtre assez convaincantes. Plus, elles sont réductrices, et, de ce fait, elles font violence à limage du Maroc, en ce que la question de lémigration nest point inscrite dans son contexte socio- hist

 

orique.


I. Un Regard réducteur :

A. Négativité des personnages :
Tout va mal, telle est la devise du film. Cest valable pour tous les personnages, à commencer par Miriam, jusquà AL Hadja et passant par Hassan, Riki, Dib, le chef de la gendarmerie. De là, il est possible de comprendre aisément que le regard, que porte le réalisateur sur la réalité marocaine, sinscrit dans une perspective historique qui a présidé à cela même qui sera par la suite connu par lorientalisme. Pour sen convaincre, il faut rappeler, à ce propos, le mode de traitement consacré aux personnages. En effet, ceux-ci sont quelque part négatifs, voire dégoûtants. Ce sont des personnages types en ce quils sont porteurs de qualités, telles :

- Larnaque : Hassan, Dib, chef de la gendarmerie
- La prostitution : Al Hadja
- La drogue et lalcool : Hassan et son ami

Certains dentre eux sont paradoxaux dans la mesure où ils sont caractérisés des contraires inconciliables. Al Hadja, par exemple, ne se met à boire quaprès avoir accompli ses devoirs religieux (après la prière dAl Îchâ), à en croire les dires de lune de ses servantes. En outre, elle est musulmane et superstitieuse, voire corrompue, puisquelle reçoit un billet de 100 dirhams du chef de la gendarmerie. Maquerelle, son leitmotiv (Allahou Akbar : Dieu est grand) sonne comme une fausse note et se trouve être le signe ostentatoire dune absurdité excessive. Le chef de la gendarmerie, lui aussi, néchappe point à cet univers satanique. Marié, il nhésite pas à abuser de ses pouvoirs pour profiter de la situation des pauvres filles installées dans la région dans lattente de "brûler".


B. Négativité de lespace :
Lespace se trouve lui-même contaminé par cette négativité. À vrai dire, les pauses descriptives sont introduites intentionnellement dans les scènes pour donner loccasion au spectateur de jouir de la beauté des contrées sahariennes : sables dorés, montagnes, mer… Or, cette manière de prendre des lieux en image nous rappelle la vision de certains orientalistes qui se sont efforcés de donner une image exotique du Maroc. Fixité et redondance de certaines images font également référence à cette vision folklorique des cartes postales où les personnages sont réduits à des clichés. Faudrait-il rappeler, en ce sens, cette scène où le minaret dune mosquée est encadré à travers la porte dun bar ?



II. Exil ou Royaume ? :

A. Miriam :
À cet égard, il faut affirmer toutefois que le personnage de Miriam est très complexe. Naïve et innocente, elle se plaît à affabuler, faute de mieux. Sa complexité réside en fait dans lidée si obsessionnelle quelle exprime à propos de son voyage pour lEspagne : cest dêtre LIBRE. Ainsi, tout larrière plan est à deviner.
Du coup, le passage si symbolique de la sphère chthonienne (Terre) à lespace aquatique (Mer) représente un " parcours immobile" en ce quil est une traversée qui échoue : elle se clôt sur une nouvelle violence (lEspagne) et se transforme en une nouvelle errance en pleine mer. Tel un personnage tragique, Miriam semble être condamnée à lerrance éternelle. Et cest cette circularité – non-dialectique – qui agresse à la fin du film. Sans dépassement aucun, le début rejoint la fin ; doù le titre Tarfaya (Bab labhar).

B. Nouh :
Dautres personnages laissent entendre quils sont porteurs de véritables, valeurs comme lattachement à la Terre-Patrie. Cest le cas de Nouh (nom choisi à dessein : antithèse) qui semble rejeter tout projet de voyager à lAutre Rive. Il va même jusquà solliciter la gentillesse de Miriam en lui demandant de communiquer un message à son père – à lui – qui a quitté son pays natal, il y a un bail, et où il limplore fortement de revenir.

C. Hassan :
Brute, Hassan, quant à lui, témoigne cependant dune bravoure à légard de Miriam, sous leffet de la passion amoureuse.

D. Le chef de la gendarmerie :
Ce personnage a un côté humain en faisant de Miriam une exception, et décide de brûler les dossiers de son archive. Par cet acte, il sinscrit dans un renouvellement de son identité.



III. En guise de conclusion :
Tel le Maroc, Tarfaya, Bab Lebhar est à considérer comme un film où sont réunies toutes les contradictions et tous les paradoxes quil est temps de mettre en image, danalyser dans perspective historique et rationnelle où toutes les composantes, si infinitésimales soient-elles , doivent trouver clairement leurs places. Le septième art doit avoir pour mission non seulement dinterpréter mais également de changer le monde en agissant sur le public.

Bouchta FARQZAID

Tarfaya (Bab Lebhar), réalisé par Daoud Ouled Sayed. Production : Jean Baptiste, Cécile Rubrecht. Scénario : Fadel Youssef.

 

 

 

 




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