La leçon donnée au 22ème Congrès de l’UGTT, à Tabarka, est un morceau étourdissant de régulation. De lobbying. De réalisme. De discipline. De réseautage. De mobilisation. D’incantation volontariste. Bref, la marque de fabrique d’une vieille organisation, qui a l’art d’exploiter la veine de la colère et du défi. Qui sait comment agir en sous-main. Dans une guerre de leviers. Rodée aux grandes manœuvres. Aux challenges. Aux luttes d’influence. Aux rapports de force. Au flingage avec le sourire. Pour qui, tout travail sérieux se fait dans l’ombre.
D’ailleurs, tout au long des travaux de ce 22ème Congrès de l’UGTT, souligne un confrère, habitué aux grandes messes syndicales, la main des apparatchiks (BE et secrétaires généraux des Unions régionales) est restée dissimulée à l’intérieur des événements. Maîtresse des candidatures. De la lecture des équilibres. Du destin des uns et des autres.
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En fait, nous dit-on, si certains partis gauchisants, qui s’estiment lésés après le verdict de la Constituante, ont choisi de se barricader, avec la bénédiction des baronnies de la Place Mohammed Ali, au sein des structures de l’UGTT. Pour continuer à faire valoir leur présence sur la scène publique et revitaliser l’opposition à la Troïka au pouvoir, les représentants de la ligne historique de la Centrale, de tout temps réfractaire aux idéologies, à l’origine de la pérennité de la «Maison» dans l’adversité et de l’énergie poussive des militants depuis des lustres, cherchent, à travers le verrouillage de ce 22ème Congrès, à repositionner l’action syndicale dans le cadre des mutations sociopolitiques en cours dans le pays, à éviter de rendre compte des anciennes accointances, en relation avec l’ordre déchu du 7 novembre, à sanctuariser la culture de l’impunité et à reprendre du poil de la bête face aux défis d’une société éclatée, fondée désormais sur le multipartisme et la surenchère syndicale.
Finalement, conclut un syndicaliste à la retraite, compagnon du vieux leader Habib Achour, le verdict des urnes à Tabarka va certainement laisser un goût de cendres chez de larges pans de la mouvance syndicale et politique, à la fois opposants et partenaires de la direction de la Place Mohammed Ali, traditionnellement intégrés dans les structures intermédiaires de la Centrale.
C’est ainsi que le Parti Ouvrier Communiste Tunisien (POCT) crie déjà au putsch. En raison de l’éviction, à la dernière minute, de son poulain officiel Jilani Hammami de la liste consensuelle et son remplacement par Hfaidh Hfaidh, entré récemment en dissidence vis-à-vis de la ligne de Hamma Hammami. Mais demeuré en phase avec les orientations de l’appareil et ses manœuvres florentines.
Les régions du Sahel (Sousse, Monastir), qui ont tout fait pour propulser Abdelmadjid Sahraoui, secrétaire général-adjoint de l’Union syndicale des travailleurs maghrébins arabes, au Bureau Exécutif, rongent leur frein. Affichent la posture du disgracié. Adresse une volée de bois vert à la direction sortante. Pousse un cri de rage. Face à la marginalisation délibérée de son candidat.
Seulement, à ce jeu-là, des quolibets, des diatribes et des claquements des pupitres… nul ne peut dire où le déballage s’arrêtera. Eh ! Oui…La grandeur, disait De Gaulle, est dans les questions qui s’agitent et les destins qui se préparent. Il est des temps où les intentions les plus pures ne suffisent pas pour diriger, où elles égarent
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