Tunisie. Un équilibriste nommé Néjib Chebbi
Mardi, 12 Avril 2011 08:03
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«Nous sommes tous des musulmans. La religion doit rester hors du champ politique», a souligné Me Ahmed Néjib Chebbi, le fondateur du Parti démocrate progressiste (Pdp).
Me Chebbi, qui intervenait au conseil national du Pdp, samedi, à Tunis, a réaffirmé l’adhésion de son parti au projet moderniste national initié par les réformateurs tunisiens depuis Kheireddine Ettounsi jusqu’à Habib Bourguiba, mettant en garde contre les dangers d’une instrumentalisation des mosquées au service de desseins politiques visant «à exacerber les sentiments religieux» et «à prôner une nouvelle forme de clientélisme politique dans les milieux sociaux».
Un front pour défendre les valeurs nationales
Le leader du Pdp a salué, par ailleurs, les efforts déployés par le gouvernement de Béji Caïd Essebsi dans la gestion des affaires courantes de l’Etat et en vue de rétablir la stabilité en cette période transitoire.
«La sacralisation des programmes politiques est opposée aux fondements démocratiques», a expliqué Me Chebbi, qui a souligné que l’étape actuelle commande de défendre la Tunisie «loin de tout agenda politique», d’œuvrer pour la restauration de la confiance des investisseurs étrangers et la mise en place d’une infrastructure moderne dans les régions permettant la résorption du grand nombre de chômeurs.
Evoquant ensuite les prochains rendez-vous politiques, le fondateur du Pdp a invité les partis politiques, nouvellement créés, à rejoindre les listes de son parti lors de l’élection de l’assemblée constituante, le 24 juillet, et «de former un front pour défendre les valeurs nationales partagées et les fondements d’une démocratie».
Non à un front face aux mouvements islamistes
Cet appel du fondateur du Pdp, a expliqué Maya Jribi, secrétaire générale du parti, reflète une volonté de resserrer les rangs. «Il ne s’agit nullement d’un appel à la constitution d’un front face aux mouvements islamistes», a-t-elle précisé à l’agence Tap.
La secrétaire générale du Pdp a aussi salué l’adoption par l’Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution d’un décret-loi portant création d’une Haute instance indépendante pour les élections de la constituante. Il s’agit, dit-elle, d’une première dans l’histoire moderne de la Tunisie puisque la supervision des élections ne sera pas du seul ressort du ministère de l’Intérieur.
Un coup à droite et un autre à gauche
Le Pdp, qui cherche à recentrer son discours et à se positionner au centre de l’échiquier politique, préfère couper la poire en deux, quitte à devoir faire un coup à droite et un autre à gauche. Il critique les mouvements islamistes qui cherchent à instrumentaliser la religion à des fins politiques, mais refuse de s’associer à un vaste front progressiste et moderniste pour faire face aux islamistes, une idée défendue par le parti Ettajdid (centre-gauche).
Tout en marquant sa différence, le parti de Me Chebbi semble donc soucieux de ne pas s’aliéner les électeurs islamistes. C’est une posture pragmatique (opportuniste, diraient certains), qui cherche à brasser large, en ciblant un spectre politique qui va de la gauche progressiste à la droite islamiste, en passant par les libéraux, y compris ceux issus de l’ex-parti au pouvoir.
C’est un exercice d’équilibrisme qui, en cette période de grand flou politique, pourrait paraître assez hasardeux voire risqué. Mais il semble dicté par l’état actuel d’éclatement de la scène politique tunisienne et de la volatilité de l’électorat, dont personne – ni aucun des instituts de sondages qui ont fait surface ces dernières semaines – ne saurait déterminer les convictions, les orientations et les attentes.
Imed Bahri
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