Les budgets tunisiens plus que serrés
03/09/2010
Plusieurs évènements consécutifs ont placé les familles tunisiennes dans une situation financière difficile. Comment subissent-elles cette pression ?
Par Mona Yahia pour Magharebia à Tunis – 03/09/10
Des vacances dété et des repas du Ramadan aux nouveaux vêtements pour lAïd et aux fournitures scolaires, les dépenses se succèdent cette année. Du fait de ce calendrier peu usuel, les Tunisiens narrêtent plus de consommer et de dépenser.
"Imaginez devoir répartir votre salaire entre deux enfants scolarisés, le Ramadan et lAïd", explique Rawda, une employée. "Cest virtuellement impossible."
Mais il ny a pas que les citoyens à être inquiets. Jeudi 2 septembre, lOrganisation pour la défense des consommateurs (ODC) a demandé aux familles tunisiennes dadopter un mode de consommation modéré, plus adapté aux budgets familiaux.
La télévision tunisienne a également diffusé des spots de sensibilisation, pour mettre en garde contre les excès de dépenses et aider les gens à passer les occasions consécutives de surconsommation.
Mais pendant ce temps, les marchés tunisiens sactivent à vendre de nouveaux vêtements pour lAïd, des pâtisseries et des fournitures scolaires. Les achats de saison viennent sajouter à toutes les autres dépenses quotidiennes.
"Les prix sont élevés", a expliqué Adel, un employé de banque. "Les Tunisiens préfèrent désormais passer des vacances à lhôtel et acheter des produits de marques étrangères. Sy ajoutent le coût des cours particuliers, des factures de téléphone et dinternet, qui sont toutes de nouvelles dépenses introduites récemment, qui demandent dy réfléchir à deux fois avant de dépenser."
Imed Salha, une enseignante, reconnaît que la vie au quotidien est plus chère parce que les Tunisiens ont désormais une nouvelle vision de ce quils considèrent comme essentiel.
"Ce qui était auparavant considéré comme des articles de luxe est aujourdhui perçu comme une nécessité, comme les climatiseurs, les voitures, les téléphones portables et lnternet. De plus, les conditions de vie se sont améliorées, et la pression des médias et de la publicité sest accentuée. Nous faisons de notre mieux pour satisfaire tous les besoins, mais cest difficile. En fin de compte, il faut une autre source de revenu en plus du travail habituel", explique-t-elle.
Amel Aoun, propriétaire dun magasin, explique : "La consommation doit être rationnée, ce qui nest pas évident au vu de la pression exercée par les enfants. Jessaie néanmoins de satisfaire certains de leurs besoins et den retarder dautres. Parfois aussi, je choisis dignorer ceux qui dépassent nettement mon budget."
"Le mode de consommation de chacun reflète le caractère. Lorsque la consommation est modérée et adaptée aux ressources, la personne est habituellement prudente et bien équilibrée", explique Imed Rkik, spécialiste en maladies psychologiques et nerveuses. "Lendettement entraîne une perte de stabilité."
La publicité à un impact sur ce comportement, ajoute-t-il.
"Les organisations concernées et les médias doivent mettre en garde contre une consommation excessive. Nous ne devons répondre à la tentation des publicités que dans la mesure où nos ressources nous le permettent", affirme Aoun.
Les Tunisiens sont parfaitement au courant de la situation, a montré une enquête publiée le 31 août par lInstitut de la consommation de Tunis. En fait, 79 pour cent dentre eux planifient leur budget.
"Cette enquête a montré que les consommateurs tunisiens sont conscients", explique le professeur déconomie Fathy Zouhir. "Lorsque nous voyons des magasins bondés de clients, nous pouvons être enclins à penser quils ne réfléchissent pas trop et sont tentés de surconsommer. Or, ce nest pas le cas."
Près de 55 pour cent des personnes interrogées dans les régions du nord-ouest, du centre et du littoral du pays jugent leurs ressources insuffisantes pour couvrir les besoins de dépenses familiales au vu des nombreuses obligations de cette année.
Mais comme le souligne Ali Gharbi, directeur de lInstitut de la consommation, "les consommateurs tunisiens sont parfaitement conscients de cette coïncidence dévènements saisonniers".
"Et ils tentent de trouver les meilleures solutions pour leurs budgets", poursuit-il.
Son institut espère en apprendre davantage lors de la prochaine enquête, qui sétendra à lensemble du pays.
(Source:http://www.magharebia.com le 3 septembre 2010)
http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2010/09/03/feature-01
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