Pour une conception nouvelle d’un ciné-club
Vu l’importance qu’acquiert de plus en plus un ciné-club au Maroc même aux années 90, il s’est avéré, de notre part, de nous demander de manière sérieuse sur ses fondements, ses objectifs et ses stratégies.
A cet égard, nous avons pu consulter, lors de la sixième Edition du Festival du Cinéma Africain de Khouribga (EFCAK) quelques figures éminentes, dont le souci majeur est bel et bien le soutien et la promotion du cinéma. Cela nous permet, à dire vrai, de proposer aux adhérents des ciné-clubs une matière si importante de réflexion. Ainsi, nous comptons sincèrement de reproduire fidèlement les propos de certains réalisateurs dont Hakim Nourri, Mounsif Douib, Cheikh Doukouré et Rachid Belhaj.
1. Hakim NOURRI (Maroc):
« Le ciné-club, ce sont des cinéphiles qui sont passionnés par le cinéma ; et ça doit être des gens qui font des critiques constructives pour faire avancer le cinéma »
2. Mounsif DOUIB (Tunisie):
« C’est quelque chose de dépassé. Il faut penser à autre chose. Mais, le définir est très difficile. Moi-même, j’ai été un cinéphile ayant fait sa formation dans un ciné-club. Pour moi, c’est un cinéma parallèle ; c’est un cinéma qui, en dehors du cinéma commercial et habituel, permet la formation d’un public cinéphile, mais pas la formation de politiciens, parce qu’un ciné-club peut avoir un glissement qui l’empêche de jouer son rôle. C’est arrivé chez nous qu’un ciné-club devient une tribune politique. Pour moi, ça n’a pas de sens. Le ciné-club est un lieu de rassemblement pour voir du cinéma et en parler, pour avoir les atouts et les clés afin de comprendre un film et ne pas en être une victime. Mais, il risque de devenir un lieu d’élite au lieu d’être un lieu de masse.
Ainsi, une idée est à souligner :
Il faut faire la différence entre une tribune politique et un ciné-club ; mais, en attendant, parce qu’il n’y a pas de tribunes, on confond ; et ça tue le ciné-club. C’est primordial. J’ai vécu l’expérience dans mon pays. On a fermé mon ciné-club, parce que l’on a eu cette confusion. Et le film est devenu un simple prétexte à un débat ; ce qui est faux ».
3. Cheikh DOUKOURE ( ):
« C’est la première école. C’est l’endroit où tout le monde se rencontre et où tout le monde peut analyser des films, c’est-à-dire une histoire et de confronter et les idées et les regards. C’est le premier en droit où il y a l’essence même de la démocratie visuelle.
Si le ciné-club se transforme en tribune politique, c’est parce qu’il s’agit d’une affaire d’individus ; mais un ciné-club peut faire son transfert, peut-être même la démocratie commence-t-elle par les ciné-clubs ».
4. Rachid Belhadj (Algérie) :
« C’est le lieu où l’on forme les futurs cinéastes. D’ailleurs, moi, je suis très étonné qu’il y ait ici de très grands ciné-clubs et qu’il n’y ait pas un très bon cinéma. C’est bizarre ! A mon avis, il n’y a pas de stratégies pour un ciné-club- vous êtes (les ciné-clubs) les promoteurs d’un cinéma et d’une culture. C’est l’avant-garde.
Moi, j’ai fait des ciné-clubs quand j’étais petit et avant de venir au cinéma. C’est là où j’ai évolué. C’est pourquoi, le ciné-club est très important. J’ai été très touché par la question que posiez sur les techniques… Les adhérents des ciné-clubs sont des futurs scénaristes, dialoguistes, réalisateurs…ça arrive des fois que le ciné-club se transforme en tribune politique : la raison est que le cinéma est tellement lié à la politique qu’il est difficile d’en exclure. De toute façon, ça ne doit pas être tout le temps. Tout d’abord, c’est d’un film qu’il faut parler, mais un film a des symboles… »
Entretien réalisé par Bouchta FARQZAID en marge
de la sixième Edition du Festival du Cinéma Africain de Khouribga (EFCAK).
التعليقات (0)