Tunisie. Béji Caïd Essebsi ou la tentation de l’autoritarisme bourguibien
Samedi, 30 Avril 2011 08:02
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Le Premier ministre par intérim doit arrêter de «jouer» au Bourguiba et faire preuve d’un peu moins de nombrilisme et d’un peu plus d’actions politiques concrètes. Par Sami Dachraoui
En déclarant vouloir ramener la période d’inéligibilité des dirigeants ex-Rcd aux dix dernières années (et pourquoi pas 15? ou 5?) et non à 23 ans et sur la base d’une liste nominative qui sera fixée par décret, Béji Caïd Essebsi inflige un sérieux et dangereux camouflet à la Haute haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique et confirme une tendance inquiétante à l’autoritarisme politique et une volonté de gouverner seul en digne héritier de la tradition bourguibienne.
Certes le pays a besoin dans cette période de transition cruciale d’un homme politique fort, mais il ne faut pas confondre entre autorité et pouvoir. Il ne faudrait pas que M. Caid Essebsi oublie qu’il est le chef d’un gouvernement provisoire, désigné par un président de la république lui-même provisoire, sans aucune légitimité électorale et n’émanant aucunement des urnes.
Du vent et de la langue de bois
Le Rcd est le symbole de 23 années de répression et de dictature pour l’écrasante majorité du peuple tunisien. Ses dirigeants symbolisent l’arrivisme, la corruption et la collaboration avec un régime honni et renversé par une révolution populaire. Tous ceux qui y ont adhéré de près ou de loin doivent assumer leurs responsabilités. Le peuple n’en veut plus et a vomi ces 23 années et non pas seulement les dix dernières!
Depuis qu’il a pris l’exercice de ses fonctions, M. Caid Essebsi a certes restauré l’autorité de l’Etat et ramené une certaine sérénité politique, mais il a aussi brassé beaucoup de vent et usé de la langue de bois.
Il faudrait ainsi arrêter les compromis de tout genre avec les ex-Rcd, prendre une position claire et nette vis-à-vis de la Libye sans arrières pensées diplomatiques et calculs politiques, mettre plus de pression et d’entregent pour traduire enfin les Ben Ali-Trabelsi devant la justice et entamer ainsi une fois pour toute la rupture avec l’ancien régime.
C’est bien beau d’être éloquent et charismatique, mais il faudrait que le Premier ministre par intérim arrête de cabotiner et de «jouer» au Bourguiba, et qu’il fasse preuve d’un peu moins de nombrilisme et d’un peu plus d’actions politiques concrètes.
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