Dans le classement mondial 2010 de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières (RSF), l’Algérie gagne 8 places, pour passer de la 141e à la 133e sur un total de 178, où l’Erythrée est dernière après la Corée du Nord.
Le Maroc, de son côté, perd exactement ce que l’Algérie a gagné, soit huit places, le faisant ainsi reculer de la 127e à la 135e place. C’est pratiquement les mêmes raisons qui expliquent ce progrès et ce recul.
L’Algérie a gagné huit places car, indique RSF, « le nombre de procès contre les journalistes a sensiblement diminué. La multiplication des procès entre 2008 et 2009 avait fait perdre 20 places à l’Algérie ». Et si le Maroc recule de 8 places dans le classement 2010, cela traduit, selon RSF, une « crispation » des autorités face à la presse qui a été observable dès 2009. A l’évidence, la condamnation à un an de prison ferme infligée à Driss Chahtane, directeur de publication d’Al-Michaal, a lourdement pesé dans le dossier du Maroc. « La condamnation d’un journaliste à un an de prison ferme (il purgera huit mois), la fermeture arbitraire d’un journal, l’asphyxie financière orchestrée par les autorités d’un autre journal…, autant de pratiques qui expliquent le recul de la position du Maroc dans le classement », indique RSF.
LA TUNISIE ET LA LIBYE DANS LE FOND
La Tunisie fait encore plus mauvaise figure en perdant encore dix places, ce qui la fait passer de la 154e place à la 164e, pas vraiment loin de la Corée du Nord et de l’Erythrée. C’est la seconde « chute » consécutive du pays de Benali qui avait perdu 9 places entre 2008 et 2009. Cette « chute dans les profondeurs du classement », selon la formule de RSF, est expliquée par la politique de « répression systématique mise en place par les autorités de Tunis à l’égard de toute personne qui exprime une idée contraire à celle du régime ». RSF estime par ailleurs que l’adoption de l’amendement de l’article 61-bis du Code pénal tunisien est « particulièrement inquiétante » car elle « conduit à criminaliser tout contact avec des organisations étrangères qui, à terme, nuiraient aux intérêts économiques de la Tunisie ». La Tunisie reste « mieux » que la Libye, qui, de la 156e place en 2009 passe à la 160e place en 2010.
C’est la Mauritanie qui est le premier pays du Maghreb en progressant de la 100e place en 2009 à la 95e place en 2010. L’Algérie, en deuxième position dans le Maghreb, se trouve à 38 places de la Mauritanie qui, malgré un quasi-coup d’Etat, avalisé a posteriori par les élections, disposerait d’un niveau de liberté de presse supérieur aux autres pays maghrébins.
L’Algérie et le Maroc restent sensiblement au même niveau, alors que la Tunisie et la Libye paraissent bien loin… Même s’il ne manque pas de parti pris occidentalocentriste, le rapport de RSF est un indicateur qu’il ne faut pas occulter. Il traduit assez correctement l’autoritarisme « mou » qui règne au Maghreb, où la multiplication de titres n’est pas un signe que le pluralisme est devenu la norme.
Salem Ferdi – Le Quotidien d’Oran – 20 Octobre 2010
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