Le Gout de La Ville
Il y a parfois des jours qu’on aurait aimé voir passer sans avoir à les subir. Ce dimanche 9 mai 2010 en est un. Par un temps de sirocco « chhili » comme en dit chez nous il s’annonce déjà mal depuis son début et je dois le porter comme un fardeau jusqu’à sa fin. Je n’ai prévu aucun programme pour l’occuper et je n’ai envie d’aucun, que des heures vides à subir le passage et à maudire jusqu’à demain.
J’ai le gout de la ville au travers de la gorge à en vomir, il n’est pas question de sortir. Je fais le tour des informations sur le net et comme d’habitude il ne se passe rien. C’est le même scénario de tous les jours ; on n’a d’un coté ceux qui chantent la gloire de leur épopée et de l’autre ceux qui crient la souffrance de leur calvaire. La même dualité qu’a connue tous ceux qui ont pris leur part de damnés de la terre à un moment ou un autre de leur histoire.
Je me suis arrêté sur une note d’un bloggeur écrite ce matin « J’ai voté rouge » dit-il. Au moins un qui parle de ce non événement que constitue les élections municipales qui se déroule aujourd’hui. Voter rouge, c’est voter pour le parti de la dictature qui va gagner à 100% les élections dans toutes les municipalités. « J’ai voté rouge par pic conte tout ceux qui ont accepté de prendre part à cette comédie au coté de l’RCD pour leur faire comprendre qu’ils doivent viser le rôle de l’héro et non du simple figurant. »explique en substance le bloggeur les sens de son vote.
Ça m’a rappelé le gout de la nausée que tous ces jeunes doivent sentir en n’ayant à choisir qu’entre des suppôts de la dictature et de piètres figurants pour exercer leur citoyenneté dans de semblables occasions. Je n’ai même pas pensé moi-même à aller voter. Des jours comme celui là censés se passer comme une célébration de la souveraineté citoyenne sont passés comme une journée d’humiliation nationale pour la majorité des tunisiens. Ce n’est pas le pouvoir qui est en question en de telles élections, c’est la ville, l’esprit de communauté qui lie ses habitants et la gestion des affaires commune en son sein.
Même ce pouvoir au seuil du minimum requis quant on connaît la main mise du ministère de l’intérieur consacré par la loi sur les conseils municipaux n’est pas permis aux tunisiens à pied d’égalité. C’est la tyrannie de l’allégeance qui dicte sa loi et le tri c’est fait déjà à la formation des listes du parti qui va gagner dans routes les villes du pays. Voter ne change rien dan cette course infernale à l’allégeance dont seuls les inconditionnels du président Ben Ali et ses protégés ont droit à en faire partie.
Notre pays n’a plus besoin de ce genre d’élections. Il faut se rendre à l’évidence après plus de 50 ans de pouvoir absolu d’un seul parti, la question n’est plus de savoir qui est avec le pouvoir en place et qui est pour son changement. Réduire les élections à de grotesques entreprise de propagande pour prouver la popularité d’un système dont plus personne n’est en secret de sa véritables nature et de ses maux c’est condamner tout une société à vivre en ghettos et l’empêcher de tout moyen pacifique d’exister dignement.
J’été la semaine dernière dans plusieurs villages du cap Bon et du nord-ouest, des régions censés être les mieux loti géographiquement du pays. Alors que mon passage coïncidait avec la campagne électorale pour ces élections, je n’ai vu que des ghettos de misère, des villes mortes ou en agonie condamnés à l’immobilisme et au silence en sursis de tous les problèmes de mal vie sans solutions et qui sont entrain de les transformer en sinistrés. Ils ont plus besoin d’homme de terrain et d’action que de nouveaux gardiens.
Donnons à nos jeunes la possession de leurs villes, laissons les investir ses temples vides d’espace publique pour les animer sans se sentir manipulés, ouvrons leurs la voie à la citoyenneté, laissons toutes ces énergies ligotés s’épanouir sans hypocrisie ni censure et arrêtons de se mettre au travers du sens du bon sens et de l’histoire…
Yahyaoui Mokhtar – Tunisie le 09 Mai 2010
Caricature de « Z » sur Debat Tunisie
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